L’Ontario est retourné en confinement le 14 janvier. Une situation très similaire au mois de mars 2020 lors de l’apparition des premiers cas de COVID-19 dans la province — et à Sudbury. Avec une différence de taille : les écoles du Nord de l’Ontario restent ouvertes.
Le risque de contamination est encore faible dans les écoles du Nord. Une situation bien différente des écoles du Sud de la province qui explique en partie la décision. Le plus faible taux de contamination dans le Nord et dans les écoles du Nord sont des points positifs, selon l’infirmière hygiéniste pour la promotion de la santé en milieu scolaire chez Santé publique Sudbury et district (SPSD), Josée Castonguay. Très peu de jeunes auraient contracté la maladie dans la région.
Toutes les mesures de protection et de dépistage mises en place par les conseils scolaires sont adéquates, note l’infirmière hygiéniste. Les bureaux de santé publique continuent de surveiller la situation et feront les recommandations appropriées, ajoute-t-elle.
Le nombre de cas ne dit pas tout. Il faut regarder où ils sont, quelle peut être la source de la contamination, etc. Il faut «mettre toutes les données ensemble et avoir le portrait réel de la situation», illustre la coordonnatrice du laboratoire de recherche à l’École de médecine du Nord de l’Ontario (ÉMNO), Natalie Lefort. «Je pense que les santés publiques du Nord de l’Ontario ont des informations qu’on n’a pas, en tant que citoyen.»
En fait, limiter les sorties et les déplacements fait partie d’une stratégie globale qui peut aussi protéger les écoles. Les études ne s’entendent pas non plus sur le niveau de transmission de la maladie par les enfants.
La logique c’est si le nombre de cas dans notre communauté demeure faible, le nombre de cas dans nos écoles demeurera peu élevé aussi
Demande de fermeture
Le 14 janvier, la Fédération des enseignantes-enseignants des écoles secondaires de l’Ontario (FEESO) et l’Association des enseignants catholiques anglo-ontariens (OECTA) ont demandé de fermer toutes les écoles de la province pour la santé et la sécurité de ses membres. Ils sont entre autres inquiets qu’il n’y ait pas de restrictions de déplacement entre le Sud et le Nord de la province, augmentant les risques de propagation.
La FEESO demande entre autres plus de dépistage dans les écoles, vacciner les travailleuses et travailleurs en éducation en priorité et plus d’investissement pour l’enseignement à distance.
L’Association des enseignantes et enseignants franco-ontariens (AEFO) est du même avis.
Regarder l’ensemble du tableau
On ne peut pas nier les impacts négatifs de l’ouverture des écoles chez le personnel enseignant et les craintes qu’ils vivent.
La fermeture des écoles entraine aussi de son côté une série de facteurs et d’impacts négatifs. «En éthique d’études cliniques, il y a toujours des avantages et des désavantages et il faut vraiment évaluer quel côté est le gagnant», explique Natalie Lefort.

Les écoles ne sont pas qu’un lieu d’apprentissage. «Les écoles offrent aux enfants une routine quotidienne stable, une structure, de l’activité physique, des liens sociaux et des activités scolaires qui sont essentiels à leur bienêtre affectif et leur santé mentale. […] L’interruption de la routine quotidienne des enfants et des familles causée par la fermeture des écoles a une grave incidence sur leur santé physique et mentale et sur leur bienêtre. Dans certains cas, elle peut causer la détresse psychologique», décrit l’infirmière hygiéniste de SPSD.
Les observations ont aussi démontré qu’en restant à la maison lors du premier confinement, les enfants ont passé plus de temps devant les écrans, ont fait moins d’activité physique et moins de socialisation.
«Nous avons remarqué la perte de revenus d’emploi chez certains parents ou l’augmentation des dépenses liées à la garde des enfants», rappelle l’infirmière hygiéniste. Certains secteurs du Nord ont aussi un accès plus difficile à internet, ce qui limite l’efficacité de l’enseignement à distance.
Certains travailleurs essentiels sont aussi des parents. Garder les écoles ouvertes leur permet d’aller travailler sans stress supplémentaire et de remplir ces tâches dont on a besoin, rappelle Natalie Lefort.
L’effet sur le milieu familial
L’école à la maison a invariablement un impact sur les parents qui doivent travailler de la maison.
En tant que maman, Natalie Lefort a vu les deux extrêmes de l’école à la maison. Elle a décidé de garder ses enfants à la maison en septembre et, si ça a bien fonctionné pour un, ça n’était pas du tout approprié pour l’autre. Offrir le choix est essentiel pour ces enfants qui ont besoin de l’environnement scolaire.
Après une semaine d’école en ligne, Isabelle Carignan est aussi soulagée que ses deux jeunes enfants puissent retourner à l’école, «parce que la place des enfants, c’est à l’école». Elle avait pris congé pour la semaine d’école à la maison du début janvier en prévision de tous les problèmes techniques qu’elle devrait certainement régler «et ce fut le cas».
Aussi bien l’école à la maison au printemps que les camps d’été virtuels ont été difficiles pour elle. «Après deux heures, les enfants n’en pouvaient plus.»

«L’enseignement virtuel, ça peut être intéressant à court terme, mais, même les recherches le montrent, ça a des effets négatifs sur les résultats scolaires», reprend Mme Carignan avec son chapeau de professeure agrégée de l’Université TELUQ et professeure associée à l’Université Laurentienne.
L’infirmière hygiéniste Josée Castonguay ajoute que ce ne sont pas tous les parents qui sont capables d’appuyer convenablement l’apprentissage à la maison de leur enfant. «Ce n’est pas tout le monde qui a un horaire de travail flexible non plus, et ça, ça peut être une source de stress dans de nombreuses familles.»