L’étudiante Savannah Tremblay veut faire sa part pour tenter de sauver le programme Folklore et ethnologie de l’Université de Sudbury. Pour elle, il est essentiel à l’épanouissement des cultures et des communautés. Elle a participé à la campagne de lettre de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) et a demandé à un groupe connu s’il pouvait appuyer la cause. Elle cherche d’autres moyens, mais elle cherche surtout à engager les autres francophones.
Que l’Université de Sudbury (UdeS) devienne une université francophone est un pas dans la bonne direction selon elle. «J’étais vraiment d’accord et contente. Fière de ma francophonie. Je crois que ça peut permettre à l’Université de Sudbury de s’étendre.»
La dissolution de la Fédération Laurentienne a plutôt été un choc. L’étudiante en 3e année se demande si elle pourra terminer le programme qu’elle a commencé, puisqu’il lui restait un stage et trois cours à faire. Elle ne veut pas recommencer ses études. «Je veux le nom de ce programme-là [sur mon diplôme]. J’ai travaillé pour ça.»
Malheureusement, la cheffe du département de Culture et communication n’a pas de réponse pour rassurer tous ses étudiants qui la contactent. Daniela Moisa, a elle-même reçu une mauvaise nouvelle avant Noël. L’Université de Sudbury a indiqué qu’elle ne renouvèlerait pas son contrat pour des raisons financières, contrat qui doit se terminer en décembre 2021.
Les divers annoncent de l’Université Laurentienne n’ont fait que confirmer la situation difficile de l’UdeS et la survie de son seul département entièrement francophone — Culture et communication — est incertaine.

Unique au Canada
Daniela Moisa et Savannah Tremblay soulignent que le programme est «unique au Canada».
La professeure dit que le seul programme comparable est à l’Université Laval, à Québec, mais que les inscriptions y sont en ce moment suspendues. En fait, depuis deux ans, le programme de l’UdeS fournissait des étudiants aux programmes de maitrise et de doctorat de l’Université Laval, «un beau système était en train de s’installer», dit Mme Moisa.
Savannah Tremblay voulait au départ devenir enseignante. Elle est tombée en amour avec le folklore et l’ethnologie en suivant le cours Introduction au folklore et a décidé de changer de programme.
Le programme retravaillé par Daniela Moisa au cours des 3 dernières années dépasse les frontières de la francophonie ontarienne et n’a rien à voir avec ce que l’on pourrait imaginer d’un programme qui contient le mot «folklore».
«On voyage pas mal à travers le monde, de façon virtuelle», dit la cheffe de département. En plus du folklore et de la culture orale, elle a intégré des éléments numériques et elle considère que la demande est forte pour la mineure en culture numérique.
Elle tient à ce que les étudiants baignent dans les cultures qu’ils découvrent. Avant la pandémie par exemple, les étudiants avaient mené des entretiens et pris des photos dans la communauté francophone de Sudbury, dans la Première Nation de Dokis, à Capréol et dans la communauté congolaise sudburoise. L’objectif était de faire une exposition multimédia pour valoriser ces cultures.
La spécialisation de trois ans compte présentement 15 étudiants. Ils étaient déjà presque tous en ligne avant la pandémie parce qu’il peut être entièrement suivi de cette façon. Daniela Moisa souligne que ce mode a attiré des étudiants internationaux.
De plus, certains cours étaient des cours optionnels populaires et comptaient parfois jusqu’à 40 étudiants. Des nombres qui seront impossibles sans la Fédération.
Savannah Tremblay aimerait cependant voir plus d’étudiants sur campus. Elle-même était une des rares à le suivre de cette façon et à s’engager dans la vie étudiante de l’université. «J’aime connecter avec les Franco-Ontariens et les Autochtones, apprendre leur culture», raconte l’étudiante née au Québec et qui demeure en ce moment à Petawawa. Elle a d’ailleurs donné un coup de main à Daniela pour le recrutement à l’automne.
Une place dans une université francophone?
L’approche de Daniela Moisa vise à «renforcer les liens entre les étudiants, l’université et les communautés franco-ontariennes, mais aussi créer des ponts vers la communauté et le marché du travail».
Le potentiel économique est bien réel selon la professeure. «J’espère qu’on verra au-delà des chansons et des contes. Il manque de formation dans le domaine de la valorisation du patrimoine culturel, matériel et immatériel. Je crois que c’est un aspect qui pourrait aider la région à se développer en termes de tourisme culturel, de musée, de festivals ou d’activités. Ça a beaucoup de valeur, mais il faut savoir quoi faire avec.»
Pour cette raison, elle croit qu’une éventuelle université francophone devrait récupérer le programme. «Il est essentiel selon moi au développement culturel, mais aussi économique de la communauté franco-ontarienne.»