Les établissements postsecondaires du Grand Sudbury ont collaboré pour créer une nouvelle vidéo pour que la discussion autour des agressions sexuelles se poursuive au-delà de la rentrée. Lancée en plein cœur des 16 Jours d’activisme contre la violence basée sur le genre, la vidéo de près de 4 minutes présente des témoignages de victimes locales.
Pour une étudiante du Collège Boréal victime d’agression, parler du phénomène est à la base de la solution. Pour que le phénomène disparaisse, «il faut en parler; il faut faire des vidéos comme celle-ci, il faut écrire des articles, faire des projets», dit Audrey Marcotte. «C’est ce que je vois de la vidéo; d’apporter un soutien aux gens et les encourager à en parler.»
La responsable des communications de l’Association générale des étudiants (AGE), Faveur Camara, trouve aussi que, malgré les nombreuses conversations publiques, les choses ne changent pas assez rapidement. Les outils et les services sont là, mais les stéréotypes ne disparaissent pas parce que le problème «est au niveau de l’agresseur».
Pour les victimes, la première épreuve à surmonter est le sentiment de culpabilité. Pourtant, elles n’ont rien fait de mal. «Moi aussi je me suis senti coupable très très longtemps. Ça m’a pris beaucoup de temps, beaucoup d’aide, beaucoup de ressources pour enlever cette culpabilité-là», affirme Audrey Marcotte.
Est-ce que je devais être là? Est-ce que je n’aurais pas dû boire? Est-ce que j’aurais dû barrer la porte?… Ce sont des questions qui hantent souvent les victimes, mais qui n’ont pas leur raison d’être. «C’est l’agresseur. C’est la seule personne qui est responsable. C’est la seule personne qui choisit ses actions» dans ces situations, rappelle Audrey Marcotte.
Sans être pessimiste, Audrey Marcotte ne s’imagine pas que le phénomène disparaitra entièrement. Chaque action peut au moins aider à diminuer le nombre d’agressions.
«Il faut transmettre plus d’amour, croit Faveur Camara. S’il y a plus d’amour, tu ne peux pas faire du mal à une personne que tu aimes. À part ça, je ne sais pas comment on pourra faire face à ce problème.»

Dépasser la rentrée
En début d’année scolaire, les établissements postsecondaires doivent informer leurs étudiants des politiques sur la violence à caractère sexuel et les ressources disponibles pour les victimes. La gestionnaire des Stratégies en santé mentale du Collège Boréal, Isabelle Chaussé, trouvait par contre que le sujet passait un peu trop sous silence pour le reste de l’année.
Les vidéos qui existent en ligne pour parler de consentement, par exemple, n’étant pas parfaitement adaptées, Mme Chaussé a voulu créer une vidéo localement qui permettrait de donner de l’information sur la violence à caractère sexuelle et sur les services pour les victimes.
«Je voulais aussi briser le silence avec cette vidéo-là. Il y a une femme sur trois qui va vivre une forme de violence à caractère sexuel, un homme sur six. Donc, il y a beaucoup de gens qui vivent avec ce bagage-là», explique Isabelle Chaussée.
Une autre vidéo portant sur le consentement et réalisée par les institutions postsecondaires et le service de police de Sudbury sera également rendue publique pour que la réflexion n’arrête pas.
Si certaines histoires surviennent sur le campus, comme celle d’Audrey Marcotte, d’autres étudiants arrivent au collège ou à l’université avec une histoire du genre. Les services sont là aussi pour eux tout au long de leur parcours académique.
Isabelle Chaussé espère également défaire les idées reçues que les agressions peuvent survenir dans les coins sombres, si la personne est seule ou isolée, en faisant son jogging par exemple. En fait, comme il est mentionné dans la vidéo, 80 % des agressions sont faites par une personne que la victime connait déjà.
L’importance des services de proximité
Pour ne pas traverser leur épreuve seule, les victimes doivent être capables de trouver les bons services facilement et être crue.
Pour l’étudiante Audrey Marcotte, qui a été agressée par un autre étudiant dans les résidences du Collège Boréal, cette aide apportée par plusieurs services et employés de l’établissement ont été essentiels.
«Je n’aurai pas pu avoir une meilleure aide honnêtement. J’ai eu un support extraordinaire d’autant de la résidence que la sécurité et de plusieurs départements. Ça a été pris sérieusement très très rapidement.» Un gardien de sécurité l’a accompagné jusqu’à ce que l’agresseur ne soit plus dans le paysage, on a adapté les exigences pour ses cours… Elle a ensuite été référée au Centre Victoria pour femmes.
L’AGE du Collège Boréal a bien l’intention d’utiliser la vidéo pour éduquer davantage ses membres, affirme Faveur Camara, qui siège également au conseil d’administration du collège. L’association peut être une porte d’entrée pour les services si une victime choisit de parler à l’un de ses membres. Ils peuvent alors la référer aux services de counselling.
«Nous avons un service de counselling au Collège Boréal. C’est gratuit, c’est confidentiel, ce sont des professionnels», dit Isabelle Chaussé. Ils ont également adopté cette année l’application mobile Mon PSE pour offrir des services de santé mentale en tout temps.