L’utilisation massive des pesticides, le recours fréquent aux fertilisants chimiques deviennent de plus en plus un problème pour le sol. Ils ont des effets secondaires sur la biodiversité. Avec son projet de recherche sur la question, le Collège Boréal est en train de tester les nouveaux fertilisants.
«Le Collège y travaille en collaboration avec Bionorth, une entreprise de Thunder Bay. Cette entreprise a, au niveau du laboratoire, trouvé une série de bactéries qui sont bonnes pour l’environnement et qui peuvent être utilisées comme fertilisants. Le Collège Boréal a alors pris la charge de conduire des recherches scientifiques dans les serres et dans les champs», explique le coordonnateur au sein du département des techniques agricoles au Collège Boréal, Dr Jean-Pierre Kapongo.
Les premiers résultats des recherches sont plutôt positifs, selon Dr Kapongo : «La première expérience s’est avérée bonne. Elle a été conduite sur la production de légumes thaïs. Il y avait une réaction positive, un bénéfice dans l’utilisation de ces nouveaux intrants. Nous continuerons sur l’application de ces mêmes produits sur d’autres plantes, comme la tomate, le poivron et le concombre», poursuit-il.
Des insectes ravageurs à combattre
Le Collège Boréal commencera bientôt un autre projet sur l’avoine. «On a remarqué que dans le Nord de l’Ontario, l’avoine est attaquée par les pucerons», révèle Jean-Pierre Kapongo.
Dès le mois prochain, commenceront des investigations pour trouver les techniques qui ne nuisent pas à l’environnement. Ces techniques ne devraient pas non plus «avoir d’effet sur les organismes non ciblés afin de réduire l’impact de cet insecte de puceron sur l’avoine. Elles empêcheraient aussi que ces pucerons se répandent dans d’autres provinces du Canada», ajoute le coordonnateur du département des techniques agricoles, également professeur au Collège Boréal.
Un autre projet se penchera sur la fraise. La culture de ce fruit est en effet menacée par une mite, ou acarien, un animal microscopique de la famille des arachnides (araignées). Ils attaquent la fleur de la fraise et compromettent la production de ces fruits.
Le Dr Kapongo fait savoir que le Collège Boréal cherche à trouver les moyens biologiques qui feront que cet acarien soit anéanti et ne contribue pas à la réduction de la production de fraises.
Adaptabilité des légumes exotiques
Actuellement, le Canada accueille un nombre de plus en plus grand d’immigrants ressortissants, entre autres, des continents africain et asiatique. «Les légumes pour ces immigrants, ce sont des légumes tropicaux qui ne se retrouvent pas au Canada. Avec l’augmentation de cette population, nous avons trouvé qu’il y a un besoin de faire des essais d’adaptabilité de ces légumes exotiques, d’origine africaine», propose le chercheur.

Les projets de recherche au Collège Boréal sont conduits dans ses serres.
Jusqu’à présent, ces légumes arrivent au Canada, congelés. Lors de la pandémie, ces légumes étaient difficiles à trouver. «Nous allons chercher à adapter ces nouvelles cultures, ces nouvelles plantes dans des conditions du Canada. Particulièrement dans le Nord de l’Ontario.»
Des projets à terme
À part ces projets que le Collège Boréal lance, il y en a qui se terminent. Tel le projet d’utilisation des fertilisants naturels et celui de l’agriculture urbaine mené conjointement avec Cambrian College. Ce dernier projet a mis en place des techniques qui permettent aux familles vivant en ville de pouvoir rentabiliser les petits jardins à côté de leurs maisons.
Les fermiers profiteront de la réalisation de ces projets. Ils vont gagner dans la réduction d’utilisation des produits chimiques et dans la réduction du cout de la main-d’œuvre, promet Dr Jean-Pierre Kapongo.
Il saisit l’occasion pour dire à la jeunesse que ces projets sont une opportunité pour eux. «Au lieu qu’ils décampent vers le sud, chercher à apprendre les techniques agricoles modernes, il y a la possibilité de les avoir sur place pour la production végétale et la production animale. Le Collège Boréal est là. Ils peuvent aussi faire la relève des agriculteurs modernes locaux», conclut-il.