Le premier ministre de l’Ontario Doug Ford s’est vanté, en conférence de presse lundi, que son ministre des Finances et lui-même ont chacun remis une partie de leur salaire ministériel dans les coffres de la province, en gage de soutien à ceux qui souffrent financièrement. En fait, il ne s’agissait pas d’un don ou d’un geste de bienfaisance, mais plutôt d’une pénalité.
«Je ne l’ai dit à personne, et je sais que ce n’est rien, des “peanuts”, mais j’ai remis 10 000 $, soit 10 % de mon salaire ministériel, de même que le ministère des Finances. Je ne l’ai pas publicisé, mais on a fait ça il y a plusieurs mois», a fait savoir le premier ministre Doug Ford.
Mais après vérification, le premier ministre et le ministre des Finances ont remis 10 % de leur salaire ministériel par obligation, et non par choix. C’est le gouvernement Ford lui-même qui a introduit cette pénalité, en 2019.
Dans sa Loi de 2019 sur la viabilité, l’Ontario voulait s’assurer que les budgets de la province soient déposés à temps, soit le 31 mars de chaque année.
Une clause de cette Loi, intitulée «garantie de responsabilité», force le premier ministre et le ministre des Finances de payer une pénalité de 10 % de chacun de leur salaire ministériel pour chaque échéance ratée.
«Nous joignons littéralement le geste à la parole.»
C’est la promesse qu’avait faite le gouvernement progressiste-conservateur quand il a introduit cette refonte de la législation financière de l’Ontario, une première en 15 ans.
Or, en raison de la pandémie de COVID-19 qui a pris tout le monde par surprise, le gouvernement Ford n’a pas été en mesure de déposer son budget à temps.
Le ministre des Finances, Rod Phillips, avait prévu de le faire. Son budget initial, sur lequel son ministère a travaillé pendant des mois, était prêt à être déposé depuis longtemps.
Mais avec l’arrivée à pleine vapeur du coronavirus en Ontario, il a dû tout recommencer et revenir sur ses promesses d’équilibrer le budget.
Le 25 mars dernier, la même journée où l’Ontario annonçait la fermeture de toutes les entreprises non essentielles, le ministre Phillips avait plutôt déposé un énoncé économique, soit un minibudget, en d’autres mots, qui décrivait comment la province se préparait à affronter la pandémie de COVID-19.