le Vendredi 22 septembre 2023
le Mardi 29 septembre 2020 1:51 Santé

Mon premier don de plasma dans la première clinique au Canada

Julien Cayouette sur le point de terminer son don de plasma — Photo : Julien Cayouette
Julien Cayouette sur le point de terminer son don de plasma
Photo : Julien Cayouette
Après plus de 50 dons de sang, Julien essaie le don de plasma.
Mon premier don de plasma dans la première clinique au Canada
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Mon bras droit est plus froid que mon bras gauche. C’est un peu étrange, comme s’il avait été trempé dans l’eau froide plusieurs minutes. J’ai fait beaucoup de dons de sang — 57, pour ne pas me vanter — et cette vague de froid est la plus grande différence que j’ai vu, ou sentie, lors de mon premier don de plasma. Ça et les 20 minutes supplémentaires sur la chaise.

Au moins, on sait pourquoi on a froid au bras. Ce n’est pas un effet secondaire négatif. Quand on donne du sang, on nous enlève simplement 500 ml de sang. Quand on donne du plasma, on vous retire du sang, on en sépare les composantes dans une centrifugeuse pour ne garder que le plasma et on vous réinjecte vos globules rouges en plus d’une solution d’eau salée. C’est cette solution qui provoque cette vague de froid, car elle est à la température de la pièce donc plus froide que notre corps.

Cette eau salée remplace une partie de la quantité de liquide que vous avez donnée, pour éviter un choc à votre corps. J’ai donné 690 ml de plasma et on peut en donner jusqu’à 900 ml, me précise la gestionnaire de développement des affaires du Centre de don de plasma de Sudbury, Teri-Mai Armstrong. Le plasma est composé à 90 % d’eau. En 48 heures, vous avez remplacé ce que vous avez perdu, me dit-elle.

La première nouveauté de ma visite au centre : on vous mesure et on vous pèse avant de faire votre don. C’est votre poids et votre taille qui dicte combien on retirera de plasma.

J’ai été beaucoup moins affecté physiquement par le don de plasma. J’avais habituellement besoin de deux jours pour retrouver la pleine forme après un don de sang. Douze heures après le don de plasma, tout était revenu à la normale.

Il fallait attendre 56 jours entre chaque don de sang pour permettre au corps de le régénérer. Même si le plasma est remplacé après 2 jours, on permet les dons à toutes les semaines pour les hommes et toutes les deux semaines pour les femmes. Une inégalité qui s’explique en partie par le cycle menstruel qui peut faire perdre plus de fer aux femmes, mais qui reste illogique puisque l’on pique votre doigt à votre arrivée pour vérifier votre taux de fer. Pas assez de fer, pas de don. Mme Armstrong confie d’ailleurs que cette règlementation est sur le point d’être changée.

Autrement, l’expérience a été tout aussi agréable que peut être une piqure au bras. Pas plus ou moins douloureuse qu’un don de sang. En fait, la sensation de froid sera pratique lorsque des grandes chaleurs d’été.

Photo : Julien Cayouette

Ça sert à quoi?

Le plasma est de plus en plus utilisé en médecine, alors que le sang l’est de moins en moins. Les besoins ont augmenté de 18 % par année au cours des 10 dernières années, rapporte Teri-Mai Armstrong.

«C’est parce que la façon de faire de la médecine a changé. Avant, lorsqu’on vous coupait pour une chirurgie, vous perdiez beaucoup de sang. Maintenant, ils font plus de chirurgies laparoscopiques [par exemple], alors ils ne coupent plus autant qu’avant.» Cette technique, et d’autres, utilise des outils chirurgicaux beaucoup plus petits, qui passent par une petite incision et qui sont munis d’une caméra. Une technique courante pour les opérations dans l’abdomen.

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En chiffre, le besoin en sang au Canada serait passé de 900 000 unités à 750 000 unités par année. De l’autre côté, le besoin en plasma a augmenté.

Le plasma a plusieurs autres utilités. On s’en sert pour traiter les patients atteints du cancer, les déficiences immunitaires, les troubles sanguins, les maladies du rein ou du foie, etc. Les recherches ne font qu’ajouter des possibilités en ce moment.

Il était possible d’obtenir du plasma à partir d’un don de sang conventionnel, mais seulement en très petite quantité. L’objectif de la Société canadienne du sang (SCS) est de diminuer — ou même cesser — l’achat de plasma des États-Unis. En ce moment, 87 % du plasma utilisé au Canada provient du sud de la frontière. Ce qui est recueilli au Canada reste au Canada, promet Teri-Mai Armstrong.

Sudbury, première au Canada

Mme Armstrong dit que la SCS aimerait ouvrir jusqu’à quarante succursales de don de plasma à travers le pays. En ce moment, Sudbury est la première et la seule.

«Ils ont choisi Sudbury parce que nous avons une base de donneurs très dévoués», donne la gestionnaire du développement de la clinique comme une des raisons. Il y a aussi la présence d’une grande population jeune et active — comme le sang, on peut donner à partir de 17 ans.

Cette base fidèle a initialement répondu à l’appel, car j’ai dû attendre deux semaines pour mon premier rendez-vous — la clinique a ouvert le 25 aout — et toutes les plages horaires du premier mois se sont remplies.