Le député néo-démocrate de Mushkegowuk-Baie James à l’Assemblée législative de l’Ontario, Guy Bourgoin, a organisé une rencontre Zoom avec les citoyens le 11 février pour donner la parole aux familles qui vivent depuis un mois une situation dramatique à la suite du décès de maintenant 16 personnes à la résidence privée de soins de longue durée Extendicare de Kapuskasing. Ces chiffres ont été confirmés par le Bureau de santé Porcupine.
Plus de 150 personnes ont assisté à la rencontre virtuelle. Quelque 90 commentaires ont également été formulés par écrit. Des personnes dont les proches vivent à Extendicare ont exprimé leur angoisse face à la situation.
Manque de transparence
Des personnes ayant des proches à Extendicare, comme Mélissa Caron, présente sur Zoom, a déploré le manque de transparence de la part de la direction en dépit de rencontres virtuelles avec celle-ci, comme l’indiquait Monique Isabelle. Des campagnes sur les médias sociaux ont été démarrées pour alerter les gens.
Pour les proches des malades, beaucoup de questions sont sans réponse : pourquoi n’ont-ils pas été envoyés plus rapidement à l’hôpital? Parce que leur santé s’était détériorée très rapidement? Parce que les familles ne le souhaitaient pas? Pour protéger l’Hôpital Sensenbrenner pourtant prêt à les recevoir?
Suffisamment de personnel?
Le député franco-ontarien avait aussi demandé à ses collègues du Nouveau parti démocratique, la députée fédérale d’Algoma-Manitoulin-Kapuskasing, Carol Hughes, et la députée de Brampton-Centre et porte-parole de l’opposition à Queens Park en matière de Services aux ainés, Soins à domicile et Soins de longue durée, Sarah Singh, de venir donner leur appui aux gens présents. Les politiciens néodémocrates ont même demandé que la résidence soit mise sous tutelle.
Pour sa part, Carole Hughes se questionnait sur le nombre suffisant de travailleurs depuis un mois en raison de ceux qui auraient été atteints par la COVID-19. «Ces gens travaillent souvent à temps partiel. Ils doivent cumuler souvent deux emplois. Il faut que les deux paliers de gouvernement améliorent leur condition de travail. On doit rétablir notamment la prime de risque», a-t-elle dit.

Avant l’éclosion, Mélissa Caron avait trois grands-parents, deux grands-pères et une grand-mère, à Extendicare. Elle a eu le chagrin de perdre un grand-père. L’autre est encore là, quoiqu’affaibli. La famille a réussi à retirer sa grand-mère. «C’était notre reporter! C’est elle qui nous disait ce qui n’allait pas. Pendant trois semaines, elle n’a pas eu de douche», a-t-elle raconté. Bien que Mme Caron mentionne que les préposés sont exceptionnels, elle déplore cependant qu’il ait fallu trois semaines avant qu’un médecin soit sur place pour constater l’ampleur de la situation.
Pour Carol Hughes, «faire de l’argent sur le dos des ainés, c’est inadmissible».
Du renfort anglophone
Sans nier que la Résidence ait fait appel à du personnel de l’extérieur pour prêter mainforte aux gens déjà sur place, selon Mélissa Caron, plusieurs de ces personnes n’étaient pas bilingues. «À Extendicare, les trois quarts [des résidents] sont francophones. Mon grand-père Bélanger avait mal au cœur, a-t-elle partagé. Il était incapable de s’exprimer en anglais. Il a fallu que ma sœur, qui le voyait d’une fenêtre, intervienne auprès d’une préposée anglophone pour lui expliquer ce qu’avait mon grand-père». Selon elle, et bien des experts, «le soin à une personne est affecté si celle-ci ne peut pas parler en anglais».
La jeune femme compare la situation d’Extendicare avec celle survenue à la Résidence Prescott et Russell à Hawkesbury. «Ils ont 130 patients. Ils n’ont pas hésité à demander l’aide de la Croix-Rouge. Pour deux fois plus de monde, ils n’ont eu que 16 décès», a-t-elle mentionné.