Après avoir tenté de rentrer dans une école de médecine au Canada, sans succès, la fille de Mme Lafrenière est passée au plan B : étudier en médecine outremer, soit dans une école aux Caraïbes. Ne voulant pas attendre trop longtemps pour terminer son cheminement scolaire et réaliser ses autres rêves, notamment d’élever des enfants à un jeune âge, elle s’est penchée sur l’alternative, même si cela signifiait faire sa vie ailleurs. «On lui a dit : écoute, si c’est ça le rêve de ta vie, vas-y!»
Mme Lafrenière explique que bon nombre de Canadiens ont eu un parcours semblable à celui de sa fille. Là où le bât blesse, pour ces étudiants, c’est le retour au pays. Pour y pratiquer à titre de médecin, il faut faire une résidence d’une durée de deux ans en partenariat avec un médecin de famille, explique la porte-parole.
«Il y a des places très, très limitées pour accepter ces résidences. En fait, celui qui va faire sa médecine au Canada est presque assuré à cent pour cent de faire sa résidence au Canada. Mais, le Canadien qui va aller à l’extérieur du Canada, ses chances d’être admis en résidence sont très minces.»
Des barrières institutionnelles
La représentante de l’organisme dit que, avant la pandémie, on comptait environ 2000 résidents canadiens annuellement qui avaient réussi les examens du Conseil médical du Canada afin d’être conforme aux normes canadiennes avant de faire leur résidence. Or, autour de 250 personnes seulement étaient retenues à l’époque.
Cette année, 439 personnes ont été recrutées, pendant que 600 candidats ayant franchi la même épreuve ont été obligés de mettre leur plan en pause. Elle raconte que ces gens prendront «sans doute» la décision de soit faire de la médecine en dehors du pays ou bien de se lancer dans un secteur connexe.
Il y aurait diverses raisons pour ne pas accepter ces futurs médecins, dont les limites financières du ministère de la Santé et le contrôle sévère des normes établies par les Collèges des médecins et chirurgiens de l’Ontario. «C’est un système qui ne change pas vite, qui n’évolue pas vite», commente Mme Lafrenière.
Dans le cadre de leur campagne électorale, les politiciens ont proposé des solutions pour pallier le manque de personnel, entre autres une augmentation du nombre d’étudiants admis dans les programmes de médecine. Bien qu’elle reconnaisse l’effort de ces candidats provinciaux, la porte-parole insiste que cette hausse ne résout que l’un des nombreux problèmes freinant le processus de recrutement de médecins dans le Nord.
Trouver des solutions
Selon la bénévole, il serait faisable, en dépit des obstacles, de permettre à des médecins ayant étudié à l’étranger de faire une résidence dans leur pays natal et de s’y établir par la suite. Elle dit qu’une médecin canadienne présentement aux États-Unis, à titre d’exemple, pourrait venir pratiquer au Canada si elle acceptait de faire un stage d’essai pour un an et de réussir les examens canadiens.
Toutefois, il n’y a pas de garantie, surtout si le médecin en question pratique dans un pays où les normes de médecine sont moins bien reconnues par le Canada.
Mme Lafrenière s’implique justement au sein de la SOCASMA pour inciter les gens à mettre ces talents canadiens de l’avant et pour donner la chance à ces derniers de faire une résidence.
En outre, elle propose d’autres solutions pour des médecins qui ont étudié ou travaillé ailleurs et qui ont besoin de meilleures qualifications, dont un programme de transition avec expérience pratique pour comprendre les rouages du système de santé canadien. «Il faut sortir un peu des anciens sentiers battus et penser de façon un peu plus créative» critique-t-elle.
Les nouveaux élus devront faire «beaucoup de lobbying» auprès du ministère de la Santé et du Collège des médecins et chirurgiens pour faire avancer le dossier, suggère la porte-parole.
Il y aurait actuellement 1,3 million d’Ontariens qui auraient besoin d’un médecin de famille. Par exemple, à Hearst, on cherche encore trois médecins de famille.