Cette année, pour la Semaine de la Fierté, Fierté Sudbury Pride s’associe au Voyageur pour vous offrir quotidiennement des textes et des portraits sur son site internet (lavoixdunord.ca) qui illustrent quelques-unes des différentes facettes de la réalité queer chez nous.
Mais par où commencer? On pourrait en parler pendant longtemps, mais nous tentons avec notre sélection de textes de vous donner un aperçu de nos vies et de nos réalités multiples, tout en espérant que ça pourrait vous inciter à poursuivre votre recherche et à en découvrir davantage. Bien sûr, certains de ces enjeux sont à l’horaire de notre festival virtuel, Queerantaine 2020, auquel vous êtes certainement conviés.
Pour ce premier texte, on s’est dit qu’on devrait bien commencer avec la base : pourquoi? Pourquoi la Fierté? Pourquoi être fier de quelque chose qu’on ne contrôle pas? Est-ce qu’un hasard génétique mérite tout un mouvement? La réponse courte : nous n’avons pas le choix.
Les membres de la communauté queer, regroupant toutes les personnes qui rejettent l’ensemble des normes et des traditions sociales normatives, par exemple la monogamie, le mariage et la famille nucléaire, bref ce que la majorité des gens considère «normal», sont unis par le fait que leurs identités ne se conforment pas à ces normes. Plus que ça, le mouvement de libération queer sort d’un désir d’à la fois affirmer ses différences tout en critiquant le système social en place qui a créé ces différences. Après tout, la logique voudrait que comme la majorité a établi ces normes en décidant ce qu’elles devraient être, ce à quoi tout le monde devrait aspirer, la société puisse tout aussi facilement s’en défaire et passer à autre chose.
D’ailleurs, en regardant la société de nos jours, on voit très rapidement plusieurs choses qui auraient fait rougir nos grands-parents, sans parler de leurs grands-parents à eux. Ces choses ont changé graduellement parce que nous avons décidé, collectivement, que les vieilles normes n’étaient non seulement plus suffisantes à la réalité, mais qu’elles opprimaient activement des pans complets de la population.
Mais nous ne sommes pas arrivés à ces conclusions naturellement. Non, ça nous a pris des manifestations et des révolutions, des actions de la part de groupes marginalisés pour éveiller la conscience collective. Les émeutes du Stonewall Inn à New York ont marqué un point tournant pour la communauté queer : un bar a été notre école Guigues, des briques nos épingles à chapeau et des femmes trans noires nos Béatrices. Bien qu’il y ait eu des actions similaires qui l’ont précédé, la soirée du 28 juin 1969 a déclenché un mouvement de masse qui exigeait l’équité et la fin de la répression légale et policière de la communauté queer.
Ce sont ces émeutes que nous célébrons pendant la Fierté. Nous célébrons la fin de la criminalisation de nos identités, les protections légales que nous avons acquises et notre habileté d’exister en public sans répercussions, malgré qu’il reste encore du chemin à faire sur ce front-là. Et c’est aussi ce dernier point que nous soulignons.
La Fierté est à la fois un festival, une place où nous pouvons nous amuser et commémorer les luttes du passé et une manifestation qui nous permet d’affirmer que nous ne retournerons pas en arrière et que nous ne cesserons jamais de lutter pour un avenir meilleur, pour notre place dans la société et pour nos millions de sœurs et frères à travers le monde qui ne peuvent toujours pas le faire eux-mêmes.
Nous n’avons pas pris la décision que nos identités deviennent politisées et que nous sommes marginalisés. Nous n’avons donc plus le choix que de nous battre pour nos droits, militer pour notre libération et exiger l’équité dans tous ses sens. Cette Fierté doit continuer et vous n’avez plus le choix que de vous y habituer. Aussi bien de vous joindre à nous : on a plus de fun.
Bonne lecture et bonne semaine!
Alex Tétreault
Président, Fierté Sudbury Pride