Le Conseil des gouverneurs de la Laurentian University continue de détruire notre université publique et de gaspiller de façon irresponsable les fonds publics et les frais de scolarité des étudiant.e.s. Nous proposons une voie différente.
Le mois dernier, le recteur de la Laurentian University, Robert Haché, a déclaré au Sénat de l’université qu’il ne pouvait garantir que le processus de restructuration en vertu de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC) serait terminé d’ici le 31 janvier 2022. Cette révélation n’a suscité aucune réaction de la part des dirigeants politiques provinciaux ou fédéraux. Par ailleurs, il y a quelques jours, nous avons découvert que l’administration de la Laurentian bloque l’accès à certains documents demandés par la vérificatrice générale de l’Ontario, Bonnie Lysyk, dans le cadre de son examen des finances de la Laurentian. Si l’administration de la Laurentian n’a rien à cacher, pourquoi refuse-t-elle de laisser la vérificatrice générale faire son travail?
Le silence et l’inaction des dirigeants politiques provinciaux et fédéraux devant la destruction de l’éducation publique dans le Nord de l’Ontario et le gaspillage financier provoqué par le processus de la LACC sont inacceptables et profondément irrespectueux du Nord de l’Ontario.
Déjà, le Conseil des gouverneurs de la Laurentian a fait preuve d’un manque flagrant de consultation avec les communautés autochtones et franco-ontariennes, a fermé plus de 60 programmes, a licencié plus de 200 professeurs et employés et a présidé à la destruction d’au moins deux des trois universités fédérées.
Comme si cela ne suffisait pas, nous faisons également face à un gaspillage énorme et continu des fonds publics et des frais de scolarité des étudiant.e.s. Des millions de dollars sont littéralement gaspillés en frais juridiques et en prêts accordés dans le cadre de la LACC. La Laurentian en gaspille encore plus en embauchant un consultant d’entreprise à 52 000 $ par mois en tant qu’agent en chef de restructuration et en versant 273 000 $ à une société immobilière pour faciliter la vente de terres protégées et autres terrains légués à l’université en fiducie pour les générations futures.
Nous avons aussi appris que jusqu’à présent, la somme pourrait s’élever à plus de 9,8 millions $ pour les avocats, les consultants et les dépenses liées à la LACC — sans nécessairement inclure les millions d’intérêts sur les prêts DIP (debtor in possession). Bientôt, il y aura une bataille judiciaire inutile à propos du refus du conseil des gouverneurs de la Laurentian de donner à la vérificatrice générale de l’Ontario, Bonnie Lysyk, l’accès aux documents demandés pour son audit. Le contrôleur de la LACC s’attend à ce que la prolongation des procédures pour la période de septembre à janvier coutera à la Laurentian près de 10 millions $ de plus et les intérêts du DIP 1,8 million $ de plus.
Les inscriptions des étudiant.e.s de première année est en baisse d’au moins 33 % et la Laurentian risque de sombrer encore davantage à mesure que l’imprudence et l’irresponsabilité du Conseil des gouverneurs seront mises en lumière en Ontario, au Canada et dans le monde.
Il est faux de prétendre que la LACC empêche toute discussion publique et toute action. Le gouvernement provincial a pourtant accordé un statut indépendant à l’Université de Hearst et à l’École de médecine du nord de l’Ontario. Le Parlement du Canada a tenu un débat ouvert déclenché par la crise de la Laurentian. Sous la pression électorale, une ministre fédérale a promis de soutenir une nouvelle université franco-ontarienne en vertu de sa responsabilité envers les communautés linguistiques de langues officielles du Canada. Mais ces actions sont insuffisantes. Nos communautés ont assez souffert. Le silence et l’inaction doivent cesser. Les leadeurs politiques peuvent et doivent agir maintenant.
Le Comité triculturel demande que :
- La province de l’Ontario, en collaboration avec le gouvernement fédéral, mette fin au processus de la LACC en fournissant des engagements financiers d’urgence aux demandeurs.
- Le Conseil des gouverneurs de la Laurentian soit destitué de ses fonctions et que cette institution affaiblie soit confiée à des administrateurs nommés par le public pour une période limitée jusqu’à ce que des politiques plus ouvertes et collégiales soient adoptées. Le conseil des gouverneurs d’une autre université publique de l’Ontario pourrait assurer une administration intérimaire de manière à limiter l’ingérence directe du gouvernement dans les affaires universitaires.
- Les gouvernements provincial et fédéral, en collaboration avec le nouveau conseil d’administration, facilitent l’établissement d’universités autochtone et franco-ontarienne indépendantes, y compris le transfert des programmes autochtones et francophones aux nouvelles universités, sur la base de l’équité entre les communautés autochtones, franco-ontariennes et anglophones.
- Le mandat de la Laurentian soit modifié pour refléter le fait que le leadeurship et le financement de l’éducation et de la recherche autochtones et franco-ontariennes doivent passer de l’ancienne Laurentian aux universités autochtone et franco-ontarienne nouvellement proposées. En même temps, la Laurentian doit être restaurée avec plus de démocratie, de collégialité et un respect beaucoup plus profond pour les besoins du Nord de l’Ontario. Sudbury et le Nord de l’Ontario ont besoin d’un haut niveau d’éducation et de recherche anglophone dans une gamme complète de disciplines, y compris celles qui sont liées au développement culturel de nos communautés.
- Les défaillances du Conseil des gouverneurs et de la haute direction de la Laurentian à agir au nom de la Laurentian en tant qu’université publique fasse l’objet d’une enquête publique et que ces derniers soient tenus responsables.
Le temps de l’action provinciale et fédérale est passé depuis longtemps et il faut mettre fin au gaspillage des fonds publics et des frais de scolarité des étudiant.e.s ainsi qu’à la destruction de l’éducation publique dans le Nord de l’Ontario.
Le Comité triculturel pour l’éducation universitaire à Sudbury/Tricultural Committee for University Education at Sudbury a été formé par des représentants de Sauvons notre Sudbury, de la Coalition nord-ontarienne pour une université de langue française à Sudbury et des leadeurs clés des communautés autochtones locales en réponse à l’impact local dévastateur de l’utilisation du LACC par l’Université Laurentienne. Le Comité vise à établir des ponts entre les communautés touchées par les coupures de programmes et de postes à la Laurentienne et à les soutenir dans leurs efforts pour rétablir une éducation universitaire de qualité qui réponde aux besoins de leurs communautés.