le Jeudi 28 septembre 2023
le Mercredi 4 novembre 2020 15:04 Éditorial

Notre ville et nos voisins

La Place Tom Davies — Photo : Archives
La Place Tom Davies
Photo : Archives
Notre ville et nos voisins
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La Ville du Grand Sudbury vient enfin de comprendre. La municipalité se cherche un.e nouveau directeur ou nouvelle directrice des communications. Originalement, l’affichage du poste indiquait que les candidats et candidates devaient posséder une excellente maitrise de l’anglais, mais que leur connaissance du français n’était que désirable. Ça a fait bondir la directrice générale de l’Association canadienne-française de l’Ontario (ACFO) de Sudbury, Johanne Gervais. Non seulement a-t-elle talonné la municipalité, mais elle a aussi demandé à plusieurs francophones de contacter la ville à ce sujet. La pression a finalement donné des résultats. La ville a revu l’affichage de poste qui indique aujourd’hui que les postulants.es doivent avoir une connaissance équivalente de l’anglais et du français. Bravo à Johanne et à tous ceux qui s’en sont mêlés.

Ce n’est cependant pas parce que cette histoire finit bien que tout est réglé. Cette histoire, voyez-vous, est basée sur l’idée partagée par plusieurs dirigeants anglophones qu’il est impossible d’avoir les compétences requises pour un emploi ET la maitrise des deux langues officielles. Combien de fois avons-nous entendu cette phrase ethniciste : «Nous voulons les compétences avant la connaissance du français». Comme si la maitrise de deux langues n’était pas, en soi, une compétence. Et comme si c’était impossible pour une personne bilingue d’avoir autant sinon plus de compétences qu’un unilingue.  

Le pire dans tout ça, c’est que cette idée est répandue dans plusieurs institutions, dans nos hôpitaux, nos universités, nos gouvernements. Remarquez que cette idée est partagée presque uniquement par des unilingues anglophones. C’est comme si les Anglais se croyaient exceptionnels. C’est peut-être ce trait culturel anglais qui a donné naissance au concept «American exceptionalism» chez nos voisins du sud. Voyez ce que ça donne que de se penser meilleur que les autres.

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En parlant des États-Unis, il est impossible au moment d’écrire ces lignes en ce lundi 2 novembre, de ne pas penser à l’élection américaine qui se tient (tenait pour vous, lecteurs) cette semaine. Nous connaitrons probablement — enfin, peut-être — les résultats la semaine prochaine et nous pourrons en parler plus longuement. Mais d’ores et déjà, il est clair que le climat dans lequel se déroulera le vote est des plus aléatoires et dangereux. De quoi nous rendre encore plus fiers d’être Canadiens.

Au Canada, notre système électoral est beaucoup moins «mickey mouse» et beaucoup plus sécuritaire. D’abord, notre vote n’est pas régi par des provinces et territoires avec des règlements différents. Il découle d’une loi fédérale et est pareil partout au pays. Il est administré par un seul organisme, Élections Canada, qui prend vraiment son impartialité et son professionnalisme au sérieux. Deuxièmement, nos partis politiques ont presque toujours démontré un certain civisme pendant une élection. Bien sûr, nous avons connu des campagnes négatives, mais jamais d’appel à la violence.

On pourrait continuer à énumérer les différences qui font que notre mode de scrutin est préférable au système américain, mais ce qui nous différencie le plus c’est notre culture électorale. Au Canada, une élection c’est sacrée et la vaste majorité des citoyens prennent le vote au sérieux. Espérons que nos voisins démontreront un tel sérieux cette semaine.