La semaine dernière, les syndicats ontariens de la santé ont tenu une conférence de presse virtuelle pour mettre la population en garde contre les compressions en santé prévues par le gouvernement Ford. Selon une récente étude du Syndicat canadien de la fonction publique, ces coupes seront particulièrement néfastes pour le Nord ontarien. Le syndicat prévoit par exemple que d’ici 8 ans, 685 postes seront éliminés à Horizon santé Nord à Sudbury et 320 au Centre régional de santé de North Bay. En tout, 1325 postes seront abolis dans les plus grands hôpitaux du nord.
Il faut bien sûr comprendre qu’en faisant ces prédictions dramatiques, les syndicats prêchent pour leur paroisse. Postes éliminés signifient évidemment pertes de membres. Nous devons donc lire ces statistiques avec un grain de sel. Mais quels que soient les chiffres exacts — et seul l’avenir le dira — le gouvernement Ford a déjà annoncé des réductions du budget de la santé et étant donné la précarité du système de santé ontarien dévoilé par la pandémie, ces futures réductions feront très mal.
L’Ontario est déjà la province canadienne qui compte le plus bas ratio de lits d’hôpital par personne et, selon les syndicats, le gouvernement conservateur prévoit des compressions additionnelles de 3,25 milliards $. Selon le président du Conseil ontarien des syndicats de la santé, Michael Hurley, ces réductions seraient pires que celles effectuées par le gouvernement Harris dans les années 1990.
La pandémie de COVID-19 a pourtant clairement démontré la fragilité du système. Des hôpitaux du sud de l’Ontario qui sont débordés doivent transférer des patients un peu partout en province parce qu’ils manquent de ressources, surtout en soins intensifs. Dans le nord, la plupart des hôpitaux sont presque toujours remplis à plus de 100 % de leur capacité. Et, encore, les conservateurs veulent couper. Assez c’est assez, Monsieur Ford. Serrez vos couteaux.
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S’il y a un secteur en santé qui mérite nos félicitations, c’est surement la récente accélération de la vaccination contre la COVID-19. Ce succès dépend de la collaboration entre plusieurs joueurs. On peut penser au gouvernement fédéral qui a réussi à augmenter la livraison de vaccins produits à l’étranger, au gouvernement ontarien qui a su les distribuer efficacement et aux autorités sanitaires locales qui ont rapidement créé un système permettant d’inoculer le plus de gens possible. Il suffit d’aller à l’aréna Countryside à Sudbury ou dans d’autres centres de vaccination du nord pour comprendre que quand on veut, on peut.
Ce récent succès permet maintenant au gouvernement ontarien de prédire que plus de 65 % de la population sera vaccinée d’ici la fin du mois. C’est quand même admirable quand on pense qu’il y a un mois on se demandait encore qui et quand vacciner.
Il ne faudrait cependant pas perdre de vue que c’est la collaboration et un financement adéquat qui ont permis ces récents pas de géants. Voilà une leçon fondamentale en gestion du système de santé. Espérons que nos gouvernements ont appris la leçon.