le Dimanche 24 septembre 2023
le Mercredi 16 février 2022 10:08 Éditorial

L’odeur nauséabonde des camions

Quelques-uns des camions stationné dans les rues d'Ottawa. — Photo : Shutterstock
Quelques-uns des camions stationné dans les rues d'Ottawa.
Photo : Shutterstock
Éditorial — Le convoi des mécontents de droite continue de défrayer les manchettes à mesure qu’il essaime à travers le Canada. Les Klans de gros trucks continuent de faire des p’tits partout au Canada, surtout aux postes frontaliers. Les dégâts qu’ils causent à notre économie font évidemment les manchettes, même si tous comprennent que ces manifestations n’ont plus rien à voir avec les camionneurs.
L’odeur nauséabonde des camions
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Nous savons maintenant que ces convois ont été en partie planifiés, organisés et financés par la droite conspirationniste. Mais ce dont on ne parle pas beaucoup c’est comment cette insurrection va influencer notre avenir démocratique.

Le point le plus important dans cette manifestation, c’est son «timing». Considérez ceci : le gouvernement fédéral a annoncé l’obligation vaccinale pour les camionneurs traversant la frontière avec les États-Unis le 19 novembre 2021. On a alors entendu un peu de chialage de la part de la petite minorité de camionneurs non vaccinés, mais ce n’est pas allé bien loin.

Les vrais perturbateurs de la droite dure, ceux qui sont maintenant les marionnettistes derrière le Flu Trux Klan, ont bien sûr vu là une cause à exploiter, mais ils ont attendu. Ils ont attendu deux choses. D’abord que la directive vaccinale pour les camionneurs entre en vigueur le 15 janvier 2022. Mais ils ont surtout attendu que les gouvernements commencent à envisager la levée des restrictions liées à la COVID.

Encore ici, remarquez les dates. Le 20 janvier 2022, le premier ministre ontarien, Doug Ford, annonce que les restrictions seraient progressivement éliminées à compter de la fin janvier. C’est là que les organisateurs se mettent en branle. Ils mobilisent quelques camionneurs, organisent les sources de financement, lancent une campagne de désinformation et galvanisent tous ceux qui ont une crotte sur le cœur. Huit jours plus tard, le 28 janvier 2022, les camions arrivent à Ottawa et mobilisent l’opinion publique depuis.

Pourquoi avoir attendu deux mois pour lancer leur offensive antigouvernementale? Pour pouvoir crier victoire et donner un élan politique à leur idéologie autocratique de droite. Déjà, les gouvernements conservateurs de l’Alberta, de la Saskatchewan, du Manitoba et de l’Ontario se relient aux micros pour annoncer l’allègement des mesures sanitaires. Même le chantre des restrictions, le premier ministre du Québec, François Legault — n’oublions pas que la CAQ est un parti de la droite populiste — fait maintenant machine arrière.

Autrement dit, dès maintenant, la droite dure peut pavoiser. Nous avons vaincu les gouvernements élus, diront maintenant ses dirigeants. Maxime Bernier doit jubiler.

Il est difficile de prédire l’effet que cette victoire à l’arraché aura sur la politique canadienne. Tous les sondages démontrent qu’une majorité de Canadiens est contre le malnommé «convoi de la libârté». Mais n’oublions pas l’importance des dates en histoire. Le Putsch de la Brasserie fomenté par Hitler et sa gang en 1923 a été durement réprimé. Mais le chef nazi a continué à crier victoire et à rallier des partisans. En 1933, il était élu chancelier de l’Allemagne.