le Mercredi 27 septembre 2023
le Mercredi 28 juin 2023 15:08 Éditorial

Un trou dans la protection contre la radioactivité

Elliot Lake — Photo : Shutterstock
Elliot Lake
Photo : Shutterstock
Éditorial — La portée de la Commission canadienne de sureté nucléaire devrait être revue pour qu'elle aident les résidents d'Elliot Lake qui sont exposés à de dangereux niveaux de radiation.
Un trou dans la protection contre la radioactivité
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Une des plus importantes obligations de tout gouvernement est la protection de ses citoyens. Dans tous les pays, plusieurs lois relèvent de ce devoir de protection. On pense immédiatement à la police et à l’armée, mais la protection des citoyens va beaucoup plus loin. Elle inclut des règlements concernant l’agriculture, la médecine, l’environnement, la fabrication de produits de consommation, etc. En fait, cette liste est exhaustive et touche presque toutes les industries.

Partout dans le monde, les gouvernements ont créé des organismes qui régissent cette règlementation. Il y a bien sûr les ministères qui mettent en œuvre les lois, mais il y a aussi une myriade d’agences, de commissions et d’organismes de surveillance dont le mandat est de protéger les citoyens. Le devoir de surveillance de ces agences est lui-même défini par une règlementation qui, quelquefois, peut être inadéquate. C’est le cas de la Commission canadienne de sureté nucléaire (CCSN), qui a récemment fait les manchettes du Toronto Star dans un cas de radiation à Elliot Lake.

L’histoire commence dans les années 1960, lorsqu’une soixantaine de maisons ont été déménagées parce qu’elles étaient trop proches de la mine d’uranium qui, à cette époque, faisait la fierté et la richesse d’Elliot Lake. Ces maisons auraient été placées sur des terrains remblayés avec de la roche provenant de la mine. De récents tests dans quatre de ces maisons démontrent que les gens qui y vivent sont maintenant exposés à des taux de radioactivité de 8 à 32 fois le maximum prescrit par la CCSN.

Ces résidents réclament un nettoyage et leur revendication est appuyée par les avocats de différents groupes environnementaux. Ils ont donc approché la CCSN pour effectuer ces travaux. Ils n’ont pas eu gain de cause. 

Dans un message affiché sur le site web de la Commission, le vice-président et responsable de la règlementation des opérations affirme que ce n’est pas de leur responsabilité. Ramzi Jammal explique que la CCSN est responsable du transport et de l’utilisation des substances radioactives par l’industrie énergétique, pas pour des questions résidentielles. 

Dans son message, M. Jammal note que la radioactivité est naturellement présente dans le sol d’une région comme Elliot Lake où il y a une forte présence d’uranium. Il maintient que les matériaux de remblai n’ont jamais fait partie d’un processus quelconque et donc tombent à l’extérieur du mandat de la Commission.

Nous ne doutons nullement de la bonne foi de M. Jammal. Il connait certainement le mandat de la Commission. Le problème, c’est ce mandat. Et ça, c’est au gouvernement de le rectifier.

Le gouvernement devrait étendre le mandat de la CCSN pour couvrir la situation à Elliot Lake et d’autres qui pourraient survenir et qui impliquent de la matière radioactive. Ce problème soulève aussi des questions de santé, de sécurité et d’environnement. Il y a peut-être d’autres organismes qui pourraient aider. Mais quand on croit qu’on est en train de rôtir à petit feu, on n’a pas des années pour courir après des solutions. C’est au gouvernement de respecter son devoir de protection et de venir en aide à ces résidents.