Dès que j’ai entendu l’histoire des jumelles Dionne pour la première fois, j’ai été marquée. Je continuais d’y penser et je ne pouvais pas croire que c’était réellement arrivé.
Oliva Dionne a donné naissance à cinq filles vivantes le 28 mai 1934 dans le village de Corbeil, en Ontario. La chance d’avoir des quintuplées identiques survivant à l’accouchement était d’une sur 57 millions. C’était incroyable, surtout à cette époque-là! Les deux premières ont été mises au monde par deux sagefemmes et les trois autres par le docteur Allan Roy Dafoe. La nouvelle s’est répandue partout dans le monde et tous ont voulu voir le miracle des cinq petites : Annette, Cécile, Émilie, Marie et Yvonne.
En signant un contrat avec un promoteur de Chicago, le père des jumelles n’a pas réalisé toutes les implications de son geste. Rapidement, le gouvernement de l’Ontario s’est mêlé de la situation et a retiré la garde des jumelles aux parents. Il a ensuite fait construire un hôpital spécialement pour la garde des quintuplées. Le gouvernement était persuadé que les méthodes d’encadrement des fillettes pratiquées par les Dionne étaient trop traditionnelles.
Les jeunes filles se sont vu imposer un régime de vie très strict. On leur a aménagé un parc extérieur clôturé pour les exposer au public. «Quintland» devint une grande destination touristique avec des souvenirs, des poupées, des jouets et d’autres produits à l’effigie des cinq petites filles.
Près de trois-millions de visiteurs vont faire le trajet entre 1936 et 1943 pour voir les cinq jumelles, dont la popularité dépasse celle de Shirley Temple. Les jumelles Dionne attirent plus de visiteurs en Ontario que les chutes Niagara! Elles sont aussi utilisées dans des publicités pour une tonne de produits comme du shampoing, de la crème pour bébé, des jouets et même pour des cigarettes.
Les parents des jumelles habitaient de l’autre côté de la rue, mais avaient seulement le droit de leur rendre visite sur réservation, ce qui n’était pas toujours possible.
Les jumelles Dionne ont été traitées comme des bêtes de cirques et ont été exploitées. Leurs parents n’étaient pas d’accord et ils trouvaient cela cruel. Après dix ans de travail pour rassembler la famille, le père, Oliva Dionne, a gagné son combat et le gouvernement a dû laisser les parents reprendre les jumelles en 1943. Les autres enfants des parents Dionne n’ont jamais été proches des jumelles, car après tant d’années de séparation, ils ne se sentaient pas comme des frères et sœurs.
Les jumelles Dionne ont contribué à faire sortir l’Ontario de la crise économique. Elles ont généré plus d’un demi-milliard de dollars de revenus qui sont allés non pas aux parents, mais au gouvernement provincial. En 1998, le gouvernement de l’Ontario a offert ses excuses et a versé une importante compensation aux sœurs toujours vivantes. À ce jour, Cécile et Annette sont les seules survivantes de cette triste histoire.
La maison des jumelles se trouvait au bord de la Transcanadienne jusqu’à tout récemment, mais elle a été déplacée au bord du lac Nipissing.
Il est dommage que cette histoire s’efface de plus en plus dans la mémoire des gens. Heureusement, la pièce de théâtre d’Alain Doom rend hommage à cette incroyable histoire. Au moins, les souvenirs des jumelles Dionne ne s’effaceront pas.
